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Simone WEIL

Simone Weil

MYSTIQUE ET PHILOSOPHE

UNE FEMME ENGAGÉE

Entrée en 1928, Simone Weil a montré, bien avant les maoïstes de 1968, que l’E.N.S. pouvait accueillir toutes les contestations, pacifistes, syndicales, libertaires. Philosophe et mystique, elle a connu, comme ouvrière en usine et combattante de la guerre d’Espagne, l’expérience de la dépossession poussée à ses extrêmes limites, comme le janséniste Pascal.

Tout semblait favoriser Simone Weil : famille parisienne libérale et cosmopolite, parents attentifs et toujours prêts à la soutenir, un frère mathématicien, André, qui réussit le concours de la rue d’Ulm en 1922, des maîtres prestigieux, comme Robert Le Senne à Victor-Duruy et surtout Alain à Henri IV. Mais cette élève douée doute d’elle-même et souffre d’une santé fragile : toute sa vie, elle essaiera de surmonter sa gaucherie et des migraines très douloureuses.

Elle choisit la philosophie, mais rue d’Ulm (elle est la seule jeune fille de sa promotion) elle affronte la hiérarchie, milite pour un pacifisme intransigeant, s’inscrit à la Ligue des droits de l’homme et défend un syndicalisme révolutionnaire indépendant des partis politiques ainsi qu’un service civil opposé au service militaire. Cet engagement lui vaut d’être envoyée dans des lycées de province : le Puy, Auxerre, Roanne, Bourges, Saint-Quentin, de 1931 à 1938. Mais l’essentiel de sa vie est ailleurs : soutien aux syndicats locaux, travail dès 1935 chez Alsthom à Paris, dénonciation dans des articles de Critique sociale de la bureaucratie stalinienne et du totalitarisme nazi.

En 1936, elle combat aux côtés des Républicains espagnols. La guerre la voue à des travaux agricoles, en Ardèche avec Gustave Thibon, puis dans le Gard. Elle passe quelques mois aux États-Unis puis examine en Angleterre, sous l’autorité du général de Gaulle, les contributions à la France libre envoyées par des résistants.

Comme Pascal, à qui elle ressemble par son exigence et son expérience d’un dieu inaccessible, elle meurt à 34 ans dans une pauvreté assumée. Ses écrits les plus importants paraissent après sa mort : La Condition ouvrière, La pesanteur et la grâce. Son parcours et son œuvre sont un modèle d’exigence spirituelle et d’ascèse personnelle.